Fêtes et traditions

Croyances du jour de l’an

« Dans les Vosges la coutume de décorer les fontaines le premier de l’an est un reste du culte que les druides rendaient aux fontaines et aux eaux en général. Cette coutume a persisté dans les Vosges jusqu’à l’année 1914 environ. Il n’était pas rare de voir les fontaines décorées d’un sapin enguirlandé. Celui qui arrivait le premier à la fontaine après minuit, brûlait un peu de paille au bord de l’auge.  Celui qui puisse de l’eau le premier le jour de l’an sera heureux toute l’année. Cette eau donnée aux bestiaux leur assure santé et vigueur.

Un usage tant en Lorraine qu’en en France (tombé en désuétude), qui se rattache à une vielle superstition des gaulois est celui des enfants qui le premier jour de l’année parcourraient les rues en frappant les portes et criant « au gui l’an neuf ».

À Fraize, Plainfaing et dans les villages de la haute Moselle, on est persuadé que si ce n’est pas une femme qui la première vous souhaitera la bonne année, cela portera malheur pour toute l’année. À la Bresse par contre la rencontre en premier d’une femme ou d’une jeune fille le premier matin du nouveau jour est d’un très mauvais présage. À Saint-Remy, la Salle, Etival si les premiers souhaits sont adressés à une femme par un homme, on peut être certain de leur accomplissement. Par contre si c’est par une personne de son sexe, outre qu’ils seront stériles, ils peuvent tourner à son détriment.

Si le jour de l’an tombe un dimanche, l’été sera sec et très beau, l’enfant qui nait ce jour là sera grand et deviendra riche, tandis que si l’année commence un lundi, l’année sera mauvaise ». Albert Ohl des Marais, ca 1920.

Dans nos publications :

Mémoire des Vosges n°3, 2001 : HISTOIRES DE NATURE : LE GUI Une plante qui relève et guérit la plupart des maux.

Pour en savoir plus :

Sur la Saint-Sylvestre et la nouvelle année sous le symbole du gui, c’est ici :

https://berianasso.wordpress.com/2022/01/01/%ef%bf%bcla-saint-sylvestre-et-la-nouvelle-annee-sous-le-symbolisme-du-gui/?fbclid=IwAR3t4UpX2jBkf4cQrNaiaj_EWPLwSKl9_AY-P0f3SeSNmaW4C1WSjE_MKfs

L’épiphanie et la fête nationale de la Lorraine

La fête nationale de la Lorraine était célébrée tous les 5 janvier depuis 1477 sous l’ancien régime du duché de Lorraine et officialisée comme fête nationale depuis 1501.

Voici ce que nous en dit Albert Ohl des Marais :

« En mémoire de la mémorable victoire remportée le 5 janvier 1477 par le duc René II de Lorraine sur Charles le Téméraire, la fête des Rois se célèbre en Lorraine avec une solennité inaccoutumée.

Dès le matin le son des trompettes et des musiques rappelaient aux habitants l’heure à laquelle René II avait jadis fait sonner la Diane. Une messe solennelle était ensuite célébrée en souvenir de celle que les combattants avaient entendue à Saint-Nicolas avant de livrer bataille. Au sortir de la messe des salves d’artillerie donnaient le signal d’une abondante distribution faite aux bourgeois, de viande, de gibier, de vins et gâteaux, proportionnés au nombre des membres de chaque famille. À midi chacun se mettait à table et alors commençait la véritable fête des Rois. Suivi de quelques gentilshommes le prince allait visiter certaines maisons ; les convives buvaient à sa santé, le prince répondait à son tour et le gobelet dont il s’était servi était conservé précieusement dans la famille et se transmettait de génération en génération.

Cette coutume avait lieu tous les ans et a persisté même au-delà du règne de René II, elle a continué à avoir lieu presque jusqu’à nos jours [1920], car c’est la veille des rois le soir du 5 janvier que généralement les familles se réunissaient autour d’une brioche dans laquelle ou préalable le boulanger a introduit une fève ou un bébé en porcelaine. Chacun des convives en recevait une part, celui ou celle à qui échoit  la fève est proclamé roi ou reine, l’un ou l’autre choisit sa reine ou son roi. Les exclamations, le roi fait ou la reine fait ponctuent cette manifestation. Cette coutume étonnante qui existait encore avant-guerre [Grande Guerre], chaque boulanger distribuait à ce moment-là, à son client gratuitement une belle brioche, a cessé de se faire au grand détriment des usages et coutumes. À Gérardmer et dans la vallée de la Moselotte, pendant la semaine qui suit l’épiphanie, trois jeunes garçons, la tête ceinte de papier argenté ou doré, portent de sceptres en bois doré, visitent des maisons précédés d’un enfant vêtu d’une robe blanche, tenant en main une perche surmontée d’une grosse étoile. Représentant les rois mages, chantant les complaintes, ils recueillent les dons qu’on veut bien leur faire. L’épiphanie jadis donnait lieu à des festivités qui dégénéraient en orgie, pendant ces repas, les convives dont la tête ne faisait pas d’ombre sur la muraille ne devaient pas voir la fin de l’année. Dans les Vosges quand le jour des rois, les prés ne sont pas couverts de neige l’année sera pauvre en fourrage.

Par-dessus tout il faut éviter que le jour des rois on vous pratique une saignée ou que l’on vous pose des sangsues »[1].

L'Adoration des rois mages -Vitrail des frères Tournel (Émile et Charles), Paris, 1921, dans le style du XIIIe siècle.
Église Saint-Gondelbert, Senones, Vosges

En savoir plus sur le jour des Rois dans les Bulletins de la S.P.V. :

Rois (Jour des). Origines de la cérémonie du Roy-Boit, iii, p. 79 à 118. – Coutumes et traditions populaires des Vosges relatives à cette fête, xvi, p. 145 à 148. – En Lorraine, xxi, p. 79 à 83.

Mirbeck (peintre). Un tableau de grande dimension « l’Adoration des Mages » signé de lui (1840) a été déposé au Musée de St-Dié par la mairie d’Allarmont en février 1977, lxxx, p. 214.

 

En savoir plus sur la fête nationale de la Lorraine, c’est ici : https://berianasso.wordpress.com/2021/01/05/lancienne-fete-nationale-de-la-lorraine/

 

Lithographie Pellerin et Cie, "Adoration des Rois Mages", éd. Épinal ca 1900


[1] Albert Ohl des Marais, Médiathèque Victor Hugo, Saint-Dié-des-Vosges, ms 202, ca 1920.

La Chandeleur le 2 février

« La veille de la chandeleur, l’hiver se passe ou prend vigueur »

« Les cierges bénis à la chandeleur, fête de la purification de la Vierge portent bonheur. Cette fête a une analogie frappante avec la fête païenne des lumières célébrée à Athènes en l’honneur de Cérès sous le nom de déesse d’Eleusis. […] La fête fortifie la piété de l’homme et lui apporte des consolations dans les maux qui l’affligent ici bas et lui font prévoir un avenir plus heureux, de passer après la mort à la félicité éternelle […] ». On peut voir dans ces croyances l’annonce de l’arrivée du printemps.

Dans les Vosges, pour avoir une meilleure récolte, on dansait sur les toits la nuit de la chandeleur.

 

Pour en savoir plus : « La Chandeleur : Ses origines, de l’ours à la lumière », c’est ici :

https://berianasso.wordpress.com/2021/02/01/la-chandeleur-de-lours-a-la-lumiere/

La Saint-Valentin le 14 février

« La Saint-Valentin est une très ancienne coutume conservée dans quelques localités des Vosges, et qui, dans l’origine, se rattachait étroitement à la fête de ce bienheureux ; c’est celle de donner les Valentins, c’est-à-dire d’assigner d’office, en public, un galant, propre à faire un mari, à toute fille ou femme en état d’entrer en ménage. Voici comment on l’observe encore de nos jours à Corcieux :
Le dimanche-gras, à l’issue des vêpres, le gros de la population se porte sur la place de l’église. Accourus les premiers, les conscrits de l’année vont d’un groupe à l’autre, graves, affairés, interrogeant du regard les jeunes filles et feignant de recevoir d’elles de mystérieuses confidences. Après ce prélude, ils se rassemblent autour des chefs qu’ils se sont donnés pour la circonstance, se partagent en deux bandes et envahissent, les uns à droite, les autres à gauche, deux maisons situées vis-à-vis l’une de l’autre, à l’entrée de la rue voisine. Presque aussitôt, on entend s’ouvrir dans chacune de ces maisons les fenêtres du premier étage, et, à travers les persiennes closes, s’établit le dialogue suivant :
– Donne qui donne !
– Donne qui donne !
– Je donne Pierre A... à Louise B...
– Je donne Léonard X... à Célestine Z...
– Je donne, etc.
Et les chefs des deux bandes s’envoient ainsi la réplique, jusqu’à ce que toutes les personnes de la commune, en âge et en situation de contracter mariage, y aient passé.

Cette énumération qu’assaisonne, de temps à autre, un grain de malice, n’est point abandonnée au caprice ou au hasard de l’inspiration, elle suppose une étude approfondie des faits et gestes des personnages, de leurs habitudes, de leurs inclinations. Aussi la liste des Valentins et des Valentines est-elle préparée de longue main. Mais tout le monde – il y a partout des timides et des gens à l’imagination lente – ne songe pas au mariage. Pourquoi ne viendrait-on pas en aide à ceux qui sont vraiment incapables de prendre une décision aussi importante de leur propre mouvement ? L’essai n’en coûte rien..., on le tente bravement. Et c’est ainsi, souvent, que d’un mariage pour rire sort un mariage sérieux, lequel ne tarde pas à être solidement noué par M. le maire et M. le curé.

Cependant, de recueillie et de silencieuse qu’elle se montrait au début, la foule est devenue peu à peu bruyante et agitée. De plaisants commentaires accompagnent les derniers appels de noms, les lazzis se croisent, les traits mordants, les bons mots se succèdent sans interruption. On n’en garde pas moins une réserve relative, une attitude suffisamment digne et décente, et quand, la liste des épouseurs épuisée, les curieux songent à regagner leurs demeures, ils le peuvent faire sans échange de horions.

Tout n’est pas terminé, cependant. L’heure va sonner bientôt pour les Valentins d’entrer à leur tour en scène, et de faire connaître leurs bonnes ou mauvaises dispositions. Celui qui est satisfait de son lot se met immédiatement en quête de la bouteille de vin ou de liqueur qui, le soir venu, devra gonfler sa pochette, quand il se rendra chez la compagne qui lui est échue. Ce tribut est strictement dû ; c’est ce que l’on appelle racheter sa fehhnotte, c’est-à-dire sa fiancée de carnaval. Celle-ci, qui s’attend à la visite du galant, a déjà dressé sur la table, pour le recevoir, d’appétissantes galettes. On s’assied, on mange, on boit, on trinque, et, après avoir devisé joyeusement, on va finir la soirée ensemble au bal public. Pour peu que l’accueil des parents ait été gracieux, le jeune homme se considère comme avant de droit, à partir de ce moment, l’entrée de la maison, et il ne tient plus qu’à lui de tirer parti de la situation.

Si le Valentin, au contraire, est mécontent du partage, il ne se gêne nullement pour aller chercher des distractions ailleurs que chez sa Valentine. La pauvre fille restera donc au logis, seule, ou à peu près seule, ce soir-là, car si quelque voisin indiscret lui apporte de banales consolations, elle sait ce qu’en vaut l’aune et ne les écoute guère. À quoi bon, d’ailleurs, s’arrêter à de pareilles taquineries ? Ne tient-elle pas sa vengeance en main ? Huit jours d’attente, pas plus, et rira bien qui rira le dernier.

Dans la soirée du dimanche suivant, le premier du carême, celui que dans le pays on appelle le jour des Bures, il est d’usage d’allumer de grands feux au milieu du village. Or, depuis un temps immémorial, ce sont les Valentines dédaignées, elles seules, qui entendent se charger de ce soin. Soyez assurés qu’aucune n’y manquera ; la plus vieille, comme la plus jeune, aura son feu à elle, et ce ne sera pas un vulgaire feu de joie que chacune de ces pauvres filles dressera et allumera de sa main, non ! mais un véritable bûcher, un bûcher tel que la justice implacable en réservait autrefois au châtiment des grands coupables. Tant pis pour l’homme qui lui a fait affront ! Il est voué aux flammes vengeresses, et, s’il n’est pas rôti en réalité, qu’il en rende grâce au ciel. Il sera brûlé, du moins, en effigie, sous la forme d’un affreux bonhomme de paille et d’osier. Quelle joie pour toute fehhnotte de préparer le supplice de l’ingrat, de jeter son ennemi dans le brasier, de l’y voir se tordre et de pouvoir lui dire, à ce moment, suivant la formule consacrée : « Mahhe pèce, t’és préféré in aute qué mi qui sos té fehhnotte ? Eh bé, mi, je m’fous de ti. Breûle, breûle donc, jus qué le derrère brin ! Qué j’te voisse plus dau mes eux ; qué j’poeïsse donner mé main à in autre sans regret ! »

« Mauvaise pièce, tu as préféré une autre (femme) à moi qui suis ta fiancée ? Eh bien, moi, je me f... de toi. Brûle, brûle donc, jusqu’au dernier brin ! que je (ne) te voie plus devant mes yeux ; que je puisse donner ma main à un autre sans regret ! »  L.-F. SAUVÉ, Le folklore des Hautes-Vosges, 1889.

 

Pour en savoir plus : La Saint Valentin, des Lupercales romaines aux Saudées de Lorraine

c’est ici : https://berianasso.wordpress.com/2021/02/13/la-saint-valentin-des-lupercales-romaines-a-la-tradition-amoureuse-vosgienne/

 Carte postale Ad. Weick, Saint-Dié, ca 1900

 

Le printemps

Cette jolie carte postale Weick nous annonce le printemps. C’est la fête du printemps et du renouveau, mais on devrait plutôt parler des fêtes du printemps. C’est une succession de fêtes qui commençait à la Chandeleur pour se terminer au 1er mai. Ces fêtes païennes très anciennes, qu’elles soient solaires ou lunaires, ont chacune leur particularité, mais elles annoncent toutes le retour de la lumière, la renaissance de la nature, le retour de la fécondité. Ces fêtes païennes sont reprises et assimilées par les chrétiens. Citons l’ensemble de ces fêtes : la Chandeleur, la Saint-Valentin, le Carnaval, la fête des Bures et des Brandons, l’équinoxe de printemps, l’Annonciation, Pâques et le 1er mai.


« À Pouxeux, le jour des brandons, les enfants, une fois le feu de la bure éteint (appelée chavoune), promenaient dans le village un petit char à deux roues qu’ils conduisaient avec toute la rapidité que peut permettre leur âge. Si l’on négligeait, une année, les roues flamboyantes, on verrait aussitôt les bestiaux attaqués de vertiges, de convulsion, danser dans les étables.

À Contz-les-Bains [pays de Sierck], on lançait à la nuit tombée des roues entourées de paille enflammée (appelées roues de fortunes), quand la roue arrivait à tomber dans la Moselle, la vendange était abondante et rentrée sans accident ». Alban Fournier B.S.P.V., 1890-91.


Cette coutume des Bures (feux) et des Brandons (torches) est clairement une fête de la lumière, les roues enflammées du char sont une représentation du disque solaire. Pourtant ce n’est pas seulement une fête, c’est un rite de protection : négliger d’allumer des feux, de lancer des roues enflammées, c’est prendre le risque de la maladie, de compromettre les récoltes.

Pour en savoir plus sur les fêtes du printemps c’est ici :

https://berianasso.wordpress.com/2021/03/20/aux-origines-des-celebrations-du-printemps/

https://berianasso.wordpress.com/2021/02/20/le-dimanche-des-bures-et-des-brandons/?fbclid=IwAR0Wy1c1ldZCG65sj-1MgeyUEnFtwUb0u5VZJ-feeSHZBcG96MVOUe4Af1Y

 

Carte postale Ad. Weick n°1265, Saint-Dié, ca 1900.

 

Pour plus d’information dans nos publications voir :

Brandons (Jour des), premier dimanche de Carême. Coutumes populaires lorraines relatives à cette fête, xvi, p. 155 à 160 ; xxi, p. 86. – A Nancy, xvii, p. 9, 10. – A Nancy en 1699, son récit, xxxiii, p. 129, 130.

Bures. Feux allumés à la Saint-Jean et au jour des Brandons, xvi, p. 151, 155 ; xix, p. 320 à 330. – Remiremont, xx, p. 54 à 56. – Du feu de joie ou fouailles, lxxxvi, p. 180 à 183. – Du murus gallicus à l’à-pic Nord, lxxxvii, p. 45 ; objets découverts, p. 49 à 51 ; plan relief de la porte nord, p. 52 ; poterne ouest, p. 55 ; exploitation des découvertes (publ.), p. 55, 56. – Traditions populaires et ordre public, xcix, p. 37 à 42. Dimanche des Bures ou des Brandons dans les Vosges et beignets de Carnaval, MDV 8, p. 29.

Charivaris. Traditions populaires et ordre public, xcix, p. 31 à 37.

Coutumes. Du Carnaval en Lorraine, vi, p. 81, 82. – Voy. Traditions populaires. – De Lorraine et de Bar, ouvrages du 16e s, lix, p. 72.

Mai (Mois de). Coutumes et traditions populaires lorraines relatives à ce mois, xvi, p. 162 à 165, 172 ; xix, p. 325, 326.

Œufs. Et les traditions populaires, xvi, p. 241 à 243.

Les chants du mois de mai

« C’est une vieille coutume des Vosges qu’il nous faut vite recueillir avant qu’elle ne s’efface ; elle offre du reste différentes particularités curieuses. Cinq ou six fillettes toutes fleuries et enrubannées s’en vont de porte en porte en chantant le Trimazo ou chanson de mai, dont le refrain est invariable. Il n’en est pas de même des couplets, qui se composent de cancans sur tous et sur chacun. Cette petite chronique de village ainsi débité par les chanteuses, qui sont aussi des quêteuses, se termine par un couplet de remerciement pour ceux qui leur ont fait largesse, sinon ces villageoises naïves ne manquent pas d’ajouter :

J’ons bien chanter, j’déchantons,

Je déchantons en et souhétons

Dans la maison autant d’enfants

Que nids d’pierrots dreha les champs

Ni pain ni les pattes à leur bayer

Co le mai, le joli mois de mai ! » Le journal illustré n°328, mai 1870, page 162.

 « Dans les Vosges, le 1er mai avant le lever du soleil, on répandait du sel à la porte des étables pour empêcher le sotret d’aller traire les vaches pendant la nuit.

À Saint-Dié, l’usage était, il n’y a encore pas si longtemps, de tendre en travers de certaines rues et principalement à la Rochotte (rue Saint-Charles), une corde au milieu de laquelle était suspendu une grande couronne en feuillage ornée de fleurs et parfois d’une statuette représentant Saint-Jean. Les jeunes gens des deux sexes venaient rondier (danser en ronde) le soir sous cette couronne et allaient ensuite en chantant rondier sous d’autres couronnes dans d’autres quartiers la gaieté présidait à ces chants et à ces danses qui se prolongeaient fort dans la nuit, cette coutume est très ancienne ». Albert Ohl des Marais, ca 1920.

 

Illustration légende : Dessin de Henri Valentin, les chants du mois de mai, ca 1850.

 Dans nos publications :

Mai (Mois de). Coutumes et traditions populaires lorraines relatives à ce mois, B.S.P.V. xvi, p. 162 à 165, 172 ; B.S.P.V. xix, p. 325, 326.

Dommartin-lès-Remiremont (Vosges). Coutume du premier mai et de mariage, B.S.P.V. xvi, p. 163, 164, 188, 189. – Trimazo de ce village, B.S.P.V. xix, p. 283 à 286, mus, p. 291. – Kyriolé, B.S.P.V. xx, p. 154 à 167, mus.

Mai (Roi-de-). Jour de fête traditionnelle pour les jeunes filles, Mémoire des Vosges n° 8, p. 31.

Et aussi : https://berianasso.wordpress.com/2021/05/01/le-1er-mai-des-fetes-anciennes-de-beltaine-et-de-walpurgis-en-passant-par-le-may-lorrain/

La Saint-Jean était appelée autrefois la Noël d’été

« À Saint-Dié on dansait encore le jour de la Saint-Jean (24 juin), garçons et filles se réunissaient à un endroit où on avait élevé une bure, immense fagot de bois, auquel dès la nuit venue on mettait le feu, autour de ce feu les couples que l’on appelait Valentin et Valentine rondiaient (danser en ronde) à qui mieux mieux après avoir été accouplés aux chants de « qui marieront nous », un tel et une telle, puis dans toute la bande on reprenait en chœur le refrain qui se terminait par « j’aimerais qui m’aimera » et les couples sautaient par-dessus les brasiers.

Cet usage des feux de la Saint-Jean n’est malheureusement plus beaucoup pratiqué dans les environs de Saint-Dié [1920], tandis que dans les environs de Remiremont et principalement Ventron, il est en grand usage et on vient de très loin pour voir les feux de la montagne vosgienne ». Albert Ohl des Marais

On peut rapprocher cette fête de celles de la Saint Valentin et des chants du mois de mai (voir les fêtes ci-dessus), le but étant toujours le même, celui de rapprocher les filles et les garçons pour former des couples qui seront de futurs époux.

Une autre croyance en rapport avec la sorcellerie se traduisait par un dicton vosgien : « Employer toutes les herbes de la Saint-Jean », signifiait utiliser tous les moyens possibles « même magiques » pour parvenir à ses fins, on attribuait également à ces herbes des qualités de talisman. Ainsi autrefois à Saint-Dié pendant que les 12 coups de minuit sonnaient le jour de la Saint-Jean, on croyait que les sorciers arrachaient des herbes propres à leurs maléfices et les jetaient sans les regarder dans un panier.

Comme pour les autres fêtes, cette fête chrétienne de la Saint-Jean se substitue à des fêtes païennes très anciennes, comme celle du du solstice d’été avec bien d’autres traditions que nous vous invitons à découvrir au moyen des références ci-dessous. Le 21 juin 1982, Jack Lang sans le dire, en créant la première fête de la musique, retire le caractère religieux de la fête en fédérant tout le monde par la musique, c’est un retour aux sources en toute discrétion.

 

Gravure de Henri Valentin, Une bure dans les Vosges, ca 1850.

Pour en savoir plus sur la fête du solstice d’été, à la gloire du soleil, c’est ici :

https://berianasso.wordpress.com/2021/06/20/la-fete-du-solstice-dete-a-la-gloire-du-soleil/

Dans nos publications :

Bulletins de la S.P.V. :

Pouxeux (Vosges). Coutume populaire du jour de la Saint-Jean, xvi, p. 155 ; xix, p. 329.

Epinal (Vosges). Coutume de la Saint-Jean, xvi, p. 153 à 155 ; xxix, p. 328.

Cleurie (Vallée de la). Coutume de la Saint-Jean, xvi, p. 150, 151 ; xi, p. 320, 330.

Bures. Feux allumés à la Saint-Jean et au jour des Brandons, xvi, p. 151, 155 ; xix, p. 320 à 330. – Remiremont, xx, p. 54 à 56. – Du feu de joie ou fouailles, lxxxvi, p. 180 à 183.

Herbes de la Saint-Jean, Passent pour posséder des vertus talismaniques efficaces, xlix, p. 55, 56.

Mémoire des Vosges :

Solstice d’été. Et la fête de Saint-Jean-Baptiste, MDV 8, p. 31.

https://www.philomatique-vosgienne.org/uploads/bons-de-commande/8.pdf

Le 10 juillet, fête de Déodat

Selon Albert Ohl des Marais la fête patronale à Saint-Dié avait lieu le 10 juillet[i]. Il emprunte à Nicolas François Gravier cette coutume : « On dansait à la fête patronale. L'abbé du monastère et le grand-prévôt du chapitre ouvraient les bals champêtres : A eux seuls appartenait la première danse. Dans les villages de leur juridiction, ils déléguaient ce droit au maire ou aux personnes qu'ils voulaient favoriser »[ii].

Cette illustration du livre de Jean Ruyr[iii] nous montre saint Déodat, avec en arrière-plan de chaque coté du saint une vue de la ville de 1626, on y voit la ville entourée de murailles et les trois églises, l’église du Vieux Marché à gauche (Saint-Martin), la collégiale (future Cathédrale) à droite et l’église Notre Dame en avant d’elle. La vue pourrait être dessinée depuis la Corvée, c’est une des plus anciennes vues de la ville de Saint-Dié.

Aujourd’hui la fête patronnale de Saint-Dié est un peu oubliée. Une messe y est célébrée une fois par an à la chapelle Saint-Déodat au Petit Saint-Dié[iv], lors de la fête de saint Déodat désormais le 19 juin.

La ville a quant à elle, plutôt perdu la mémoire de son moine fondateur. La fête foraine qui est en place le 10 juillet, ne l’est pas pour Déodat, elle s’installe quelques jours avant les feux du 14 juillet et reste quelques jours après. Autrefois les fêtes de la semaine de la Liberté et aujourd’hui l’été en grand ne font aucune allusion au moine fondateur de la ville de Saint-Dié.

 

Pour en savoir plus dans nos publications :

(Bulletins de la S.P.V. ou Mémoire des Vosges)
DEODAT (saint Déodat ou saint Dié). Iconographie, LXIV, p. 43. – Sa vie, LXXVIII, p. 197. – Et le val de Galilée, LXXIX, p. 199. – Sur les pas de D, LXXIX, p. 220.  Voy. DIE (saint).
Scène de donation de l’anneau d’or à lui par l’empereur Henri VI Hohenstaufen, MDV 7, p. 7, 8. – La chapelle DÉODAT restaurée, MDV 17, p. 47.
DEODATUS. Nom inscrit au revers de la monnaie frappée par le chapitre de St-Dié, de type commun en Lorraine aux 11e et 12e s, MDV suppl 1, p. 5.
VAL-DE-GALILÉE. Arrivée de saint Déodat (Dié), LXXVIII, p. 121.
VAL-DE-ST-DIÉ, ancien Val-de-Galilée. Diplôme où ce nom apparaît pour la première fois (1114), (40e-50e A) XXXIX-XL, p. 36. – Son partage entre le Ban du Duc et celui du chapitre, (40e-50e A) XXXIX-XL, p. 36 à 38. Voy. SAINT-DIÉ.
WINTERER, L. (chanoine), curé-doyen de Vagney. Et le Manuscrit des Mémoires historiques et chronologiques pour la vie de saint-Dié par le grand prévôt Riguet, XLV, p. 225 à 235
sauvegarde de la chapelle du Petit-Saint-Dié, LXXII, p. 242 et LXXIII, p. 193 à 197 ;
VAL-DE-ST-DIÉ, ancien Val-de-Galilée. Diplôme où ce nom apparaît pour la première fois (1114), (40e-50e A) XXXIX-XL, p. 36. – Son partage entre le Ban du Duc et celui du chapitre.

La Philo a bien d’autres articles sur Déodat et Saint-Dié pour les retrouver c’est ici :

https://www.philomatique-vosgienne.org/uploads/bons-de-commande/pub%20tables%20A4.pdf



[i] Albert Ohl des Marais, Médiatèque Victor Hugo, ms 202, ca 1920.

[ii] Nicolas François Gravier, Histoire de la ville épiscopale et de l’arrondissement de Saint Dié1836.

[iii] Ruyr Jean, Recherches des sainctes antiquitez de la Vosge, Jean Marlier, Saint-Dié, 1626.

[iv] La chapelle Saint-Déodat ou chapelle du Petit-Saint-Dié est implantée dans le quartier de Foucharupt. Peu connue des Déodatiens, elle est pourtant le lieu fondateur de la création de la ville de Saint-Dié. C’est pour la présenter et la faire découvrir que la Société philomatique vosgienne organise régulièrement différentes manifestations et des visites du monument.

 

Halloween le 31 octobre   

Contrairement aux idées reçues, Halloween n’est pas une fête qui nous vient d’Amérique, mais de nos ancêtres païens, celtiques et germaniques dont certaines traditions ont perduré jusqu’au XIXe siècle comme nourrir les esprits en enterrant des fruits dans la terre, ou encore creuser des citrouilles lors de cette fameuse nuit de Rommelbootzen Naat (ce qui signifie en francique lorrain (Platt) : « nuit des betteraves grimaçantes »).

Pour en savoir plus c'est ici : https://berianasso.wordpress.com/2021/10/31/samonios-et-la-porte-des-mondes/


De la Toussaint le 1er Novembre au jour des morts le 2 novembre

Dans les Vosges la tradition populaire veut que c'est dans la nuit des trépassés que les morts sortent à minuit de leurs tombes, pour venir en longs suaires rappeler aux vivants qui les oublient, les prières dont ils ont besoin. Dans cette nuit de la Toussaint au jour des morts, à Fraize, à Plainfaing, au Bonhomme et à la Poutroie, aucun voiturier ni conducteur de voiture ne se mettra en route, car ils savent que les esprits malfaisants, démons, diables, sorciers et sorcières les y attendent. A La Bresse, Cornimont, Ventron, Thiefosse et dans la vallée de la Vologne, on évite de faire la lessive dans la semaine de la Toussaint si on ne veut pas avoir un mort dans la maison. On ne doit pas non plus cuire de pain le jour des morts, car au lieu de tirer de la braise, on tirerait des os de morts.

(Albert Ohl des Marais, manuscrit 202, 1930)

Pour en savoir plus sur les fêtes et traditions voir les  Mémoire des Vosges n°2, n°34 et n°43.

Traditions de la Saint-Nicolas

Kouâlé, Mannele, Wekman… ces bonhommes de la Saint Nicolas.

Cette pâtisserie, célèbre en Lorraine, est une brioche ou parfois un pain d’épice en forme de petit bonhomme, préparé par les boulangers de tradition germanique pour la Saint-Nicolas. La pâtisserie est tantôt présentée « nature », tantôt avec divers assortiments tels des pépites de chocolat, du raisin sec, etc., tantôt avec des décorations comme des yeux et une bouche, des boutons, une mitre, etc. En Allemagne, on le représente même fumant la pipe ! On l’accompagne parfois de son âne.

pour en savoir plus c'est ici : https://berianasso.wordpress.com/2020/12/04/couale-mannele-wekman-ces-bonhommes-de-la-saint-nicolas/

La Saint-Nicolas

La Saint-Nicolas, selon Albert Ohl des Marais, dans la région de Saint-Dié, dans les années 1920 :

« Le 5 décembre au soir à Saint-Dié et dans les villages environnants on voit le saint parcourir les rues, mitre en tête, crosse en main, portant chape [chasuble] et surplis en papier*. Devant lui marche le père fouettard, affreux bonhomme grimaçant, portant une hotte, brandissant des verges d’une main et parfois sonnant une clochette. L’un et l’autre entrent dans les maisons où se trouve des enfants. Si ces derniers ont été sages, le saint distribue des bonbons ou des récompenses quelconques, dans le cas contraire ce qui est très rare, c’est le père fouettard qui entre en jeu. En Alsace, la coutume est identique mais beaucoup moins pratiquée que de ce côté des Vosges ».

* à noter ce surplis en papier, au lieu d’une tunique blanche de toile fine.

 

illustrations :

Saint Nicolas à l’école de la rue du 10° B.C.P. de Saint-Dié, ca 1950.

Saint Nicolas à l’école de Robache de Saint-Dié, 1965.

 

Retrouvez saint Nicolas dans nos publications :

Bulletin de la S.P.V. : Joinville (Jean de), compagnon et historien de saint Louis, à propos de saint Nicolas de Lorraine, xiv, p. 71 à 102. St-Nicolas (Fête). En Lorraine, xxi, p. 91 à 93.  De l’église de St-Nicolas de Remiremont, xxviii, p. 267 à 287, Nicolas (saint), évêque de Myre, lxxiii, p. 91, 97. Le culte de saint Nicolas en Lorraine (Pierre Marot), lviii, p. 89.

   Mémoire des Vosges : St-Nicolas (Fête), jour de fête attendu ou redouté par tous les petits vosgiens, MDV 8, p. 32. La dévotion à saint Nicolas en 1583 et la contre-réforme en Lorraine, MDV 17, p. 55 à 60. Les boiseries (18e s) de la C. latérale de l’église paroissiale de Rambervillers, dédiée à saint Nicolas, MDV 17, p. 58, 59.  – St-Nicolas ancienne de l’église abbatiale d’Autrey, MDV 17, p. 29 et p. 60 (note n°2).

 Pour en savoir plus c’est ici :

https://berianasso.wordpress.com/2020/12/06/saint-nicolas-lhistoire-et-sa-legende-entre-christianisme-et-paganisme

https://berianasso.wordpress.com/2020/12/06/saint-nicolas-lhistoire-et-sa-legende-entre-christianisme-et-paganisme/

Coutumes de Noël

« Dans le temps où dans les Vosges on filait le chanvre et le lin, que l’on se servait des rouets et des quenouilles, les femmes la veille de Noël et avant d’aller à l’office de la messe de minuit devaient bien garer lesdites quenouilles, pour ne pas qu’elles soient mangées pendant cette cérémonie, par les rats et les souris. Avant d’aller à la messe de minuit et avant le réveillon, il était d’usage de mettre au foyer la plus grosse bûche. On ne quittait la table que quand cette grosse bûche était entièrement consumée. Chaque convive avait soin d’emporter un charbon provenant de cette bûche de Noël, qui placé sur la cheminée avait la propriété de préserver la maison des accidents de la foudre.

Avant d’aller à la messe de minuit, en Alsace, à la Bresse, au Tholy et à Vagney et dans les localités voisines, on dispose sur une table 12 oignons qui doivent figurer les 12 mois de l’année. On a soin de les fendre par le milieu et de les saupoudrer de sel. En rentrant après l’office, d’après le degré d’humidité de ces oignons, on pronostique les mois qui seront humides ou secs de la future année. À la Bresse, Cornimont, Fresse et Saint-Maurice-sur-Moselle, au Val d’Ajol, avant d’aller à la messe on a soin de donner à manger aux bestiaux, qui pendant l’office nocturne se lèvent et conversent ensemble.

À Gérardmer, au Tholy, et à la Bresse, le vent qui souffle pendant cette messe sera le vent qui dominera pendant toute l’année suivante. À Vagney et à Gerbamont on est persuadé que les personnes qui communient à la messe de minuit et qui le jour de Noël assistent à trois messes n’ont rien à redouter ni des fantômes, ni des revenants et qu’elles peuvent entreprendre de longs voyages, sans aucune crainte d’accident.

Quand le jour de Noël tombe un vendredi et que l’on fait gras ce jour-là on est exposé à avoir des accidents qui peuvent être funestes ». Albert Ohl des Marais, ca 1920.

 

 Gravure représentant une célébration de Noël dans une famille alsacienne au XIXe siècle.

 

Retrouvez Noël dans nos publications :

Bulletin de la S.P.V. : Noëls, trimazos, chansons de noces, kyriolés, xvi, p. 142 à 144, 146 à 148, 163, à 165, 188, 189 à 197. – Noëls, vieux et nouveaux. Cantiques de 1759, à Nancy, xcix, p. 124 à 129.

Mémoire des Vosges : Tante Arie (ancêtre du Père Noël), fée topique. Sa légende est à rapprocher du site de l’Aurichapelle connue des habitants de la Basse-Verrière (Pays de Bruyères), MDV 2, p. 11.

 

Pour en savoir plus :

Aux origines du Père et de la Mère Noël, une histoire aussi vieille que la mythologie germanique :

https://berianasso.wordpress.com/2021/12/15/aux-origines-du-pere-et-de-la-mere-noel-une-histoire-aussi-vieille-que-la-mythologie-germanique/

La fête du solstice d’hiver, le Noël originel :

https://berianasso.wordpress.com/2020/12/21/la-fete-du-solstice-dhiver-le-noel-originel/

Légendes et traditions des 12 nuits de Noël
Les 12 nuits fantastiques sont très souvent mentionnées, dans de nombreuses traditions et légendes. Les jours à partir de Noël et qui chevauchent les deux années sont très spéciaux. Le temps après le solstice d’hiver est riche de légendes et de mythes. Ces jours et ces nuits symbolisent un nouveau cycle et la légende dit que pendant ce temps, la porte de l’Autre Monde est ouverte. Ainsi, ils sont bien adaptés pour les messages annuels, comme les oracles ou pour accomplir des rituels pour la nouvelle année. L’origine remonte aux mystérieuses « douze nuits sacrées de Yule[1] » de tradition germano-scandinave, avec l’ajout de croyances celtiques, puis chrétiennes. On parle ainsi des 12 Nuits saintes de Noël qui commencent à minuit le 24 décembre et se terminent dans la nuit du 5 au 6 janvier.

Pendant ces 12 nuits et jours, on ne devait pas laver le linge, de crainte qu’il vous serve de linceul, particulièrement au cours de la 4e nuit. On ne devait pas pétrir le pain, ni filer[2]. Enfin ces douze jours étaient prédictifs du temps des douze mois de l’année  à venir[3].

Voici ce que nous en dit Albert Ohl des Marais[4] :

 « Les 12 nuits qui séparent Noël de l’épiphanie sont pour les occultistes des « nuits enchantées », elles correspondent aux anciennes fêtes de Yule.

Un char enflammé apparaît au début de la première nuit, c’est le char du diable. La deuxième nuit et celle de la mer, en certains endroits, elle devient phosphorescente par les poissons producteurs de lumière de divers couleurs. La troisième nuit et celle de la forêt enchantée, le vent fait dans les branches des musiques étranges, les lutins dans les clairières et les nymphes naïades et [?] jouent parmi les arbres. La quatrième nuit et celle des phénomènes célestes, joutes volantes des démons, des sorciers, des chasses fantastiques se déroulent parmi les nuages au son lointain du cor. La sixième exhale des parfums subtils et rares. La septième est celle des trouvailles inattendues. La huitième est consacrée aux songes, tout rêve se révèle vérité et possède une valeur prophétique. La neuvième est celle des sonorités bizarres des échos étrangers. La dixième est celle des joies gastronomiques où naissent les saveurs. La onzième et la nuit des formes et des lignes. La douzième et dernière est la nuit de la sainte lumière, marquée par l’apparition de l’étoile qui conduisit les rois mages à Bethléem ».

T.C.

 



[3] L.-F. SAUVÉ, Le folklore des Hautes-Vosges, 1889, pp. 224-225.

[4] Albert Ohl des Marais, Médiatèque Victor Hugo, ms 202, ca 1920.